L’autonomie gynécologique, se réapproprier son intimité
Connaître davantage son anatomie, être plus en phase avec les humeurs de son corps et savoir détecter les maux gynécologiques bénins, voilà le credo de l’autonomie gynécologique, inventé par les femmes et pour les femmes.
Connaissez-vous l’autonomie gynécologique? Cette pratique encourage les femmes à mieux se connaître et se réapproprier leur féminité en observant et en écoutant leur corps. L’idée étant de changer de paradigme et d’acquérir de nouvelles compétences pour comprendre et savoir gérer les petits problèmes gynécologiques, sans pour autant renier une consultation médicale.
La femme sera alors plus à même de mettre des mots sur ses maux et de sonder ces derniers pour découvrir, par exemple, que les mycoses peuvent provenir d’un déséquilibre de la flore vaginale. Pour en apprendre plus sur ce sujet, nous avons donné la parole à Gaëlle Baldassari, créatrice du mouvement Kiffe ton cycle basé sur la transmission de connaissances autour du cycle menstruel.
Qu’est-ce que l’autonomie gynécologique?
GB: L’autonomie gynécologique vise à redonner aux femmes l’écoute et la compréhension de leur corps. « Mieux se connaître pour mieux se soigner ». Ce phénomène ne vise en aucun cas à remplacer des consultations nécessaires chez un professionnel de santé. Il permet d’aider les femmes à mieux se connaître pour savoir analyser ce qui est normal et ce qui ne l’est pas.
Il permet aussi de s'auto-accompagner dans cette "zone grise" de l'"inconfortable non pathologique" dans laquelle les médecins sont impuissants et les femmes livrées à elles-mêmes. Il faut voir l’autonomie gynécologique comme un accompagnement quotidien. L'objectif est de comprendre le fonctionnement de notre corps pour répondre à ses besoins. Beaucoup de petits désagréments du quotidien peuvent être évités ou être solutionnés de manière autonome.
Ce phénomène est-il nouveau ou puise t’il ses racines dans le passé?
GB: Cette pratique est ancestrale, les femmes se sont toujours occupées d’elles-mêmes, se transmettant de femme à femme les connaissances nécessaires. La période de l’inquisition et de la chasse aux sorcières a fait disparaître une grande partie de ce savoir mais certaines n’ont jamais renoncé à le transmettre.
Quels conseils donneriez-vous aux femmes pour commencer en douceur l’autonomie gynécologique?
GB: Commencer par faire le point. Où en suis-je avec moi-même? Est-ce facile pour moi de me toucher, de regarder mon corps, ma vulve dans un miroir? L’idée étant de faire un bilan honnête de soi à soi-même. Puis vient le temps de se demander de quoi ai-je besoin? De soulager certains maux, de mieux me comprendre et me connaître, de transmettre à ma fille? De quoi ai-je envie pour me sentir plus autonome?
Pour débuter, il est possible de se rapprocher de cercles/ateliers déjà existants ou d’en créer un, un lieu où les femmes se retrouvent et échangent sur leurs trouvailles. Il est possible également de lire aussi ou de chercher des ressources sur Internet, l’idée étant toujours de mieux se comprendre pour mieux s’auto-accompagner.
Comment connaître la limite entre un problème bénin et un problème nécessitant une consultation?
GB: On me demande souvent si l’autonomie gynécologique ne fait pas prendre de risque car nous n’irions plus consulter mais j’ai envie de répondre : au contraire! Avant de bien me comprendre, une certaine honte pesait sur les maux gynécologiques et je ne consultais qu’en cas de problème avéré et souvent, je laissais « traîner » pour voir si ça allait passer tout seul.
À présent que je me connais nettement mieux, je décèle et je surveille les changements (boutons, grosseurs ou autres) et dès que je vois que ça « ne passe pas », je n’hésite plus à prendre rendez-vous chez un médecin. Je sais que ma santé est importante et que ce n’est pas en fermant les yeux que les maux vont se résorber. L’essence de l’autonomie est selon moi de connaître ses limites.
Tout comme pour un rhume nous n’allons pas chez le médecin, en cas de pneumonie, nous savons qu’il est préférable de consulter… L’autonomie gynécologique permet plus d’acuité pour déceler ce qui ne va pas et guider le soignant à qui nous ferons appel.
Auriez-vous des sites ou ouvrages à recommander pour se renseigner plus amplement sur l’autonomie gynécologique?
GB: Pour comprendre ses fluctuations psychologiques je vous recommande chaudement mon livre Kiffe ton Cycle.
Pour se connaître, le livre de Martin Winkler C’est mon corps est très complet.
Pour s’auto-accompagner, Mamamélis de Rina Nissim est un livre de référence.
Bonne exploration ♥︎
À travers les âges, la sexualité est restée plus ou moins associée au fruit défendu, chargée de tabou et d'émotions négatives, rendant l'expression unique de notre sexualité indicible.