La taille du pénis, ça compte?
Photo by Charles Deluvio on Unsplash
Dans notre culture, la taille du pénis est une représentation de la virilité, de la capacité à être un homme, un vrai, et à satisfaire ses partenaires. On pourrait presque dire que le pénis symbolise leur identité d'homme. Mais à ça, il faut ajouter que cette idée est une construction culturelle, comme celle associant "gros pénis" et "virilité".
Démêlons la réalité du mythe.
C'est quoi un "pénis normal"?
Selon une étude de 2015 menée par le Dr David Veale, la taille moyenne d'un pénis chez l'adulte est de:
9,16 cm de longueur et 9,31 cm de circonférence au repos
13,12 cm de longueur, et 11,66 cm de circonférence en érection
On parle de micropénis quand une verge mesure moins de 7 cm de long en érection, ce qui touche à peu près 1% des hommes français. Malgré de nombreuses idées reçues, cette condition ne relève pas d'une malformation, car les hommes en question n'en sont pas moins sexuellement potents!
La taille du sexe: quelles recherches ont été faites sur le sujet?
Malgré des recherches abondantes sur le sujet, les résultats varient beaucoup.
Certaines études déclarent qu'il n'y a pas de corrélation entre plaisir et taille, d'autres mentionnent une incidence sur la fertilité. Pour les sexologues, une chose est sûre: quelle que soit la taille de son pénis, un homme peut avoir des relations sexuelles, donner et recevoir du plaisir.
Alors, qu'en disent les femmes?
En 2014, le magazine Neon a demandé à ses lecteurs: "Est-ce que la taille, ça compte pour vous?" La vaste majorité - soit 74% - a répondu que non, tant que l'orgasme était au rendez-vous…
Une étude de la même année a révélé que les 41 femmes interrogées portaient peu d'attention à la taille de parties génitales de leur compagnon, dans le contexte d'une relation durable. A contrario, elles avaient une préférence pour un pénis plus large dans le cas de relations sans lendemain. En d'autres termes, la préférence d'un pénis à un autre semble plutôt liée à une question sentimentale, plutôt qu'une réelle question de taille.
Dans un de ses articles, Live Science rappelle aussi un fait important: la largeur d'une verge est plus importante que la longueur, puisque le vagin a de nombreuses terminaisons nerveuses sensibles à la circonférence du pénis. Ainsi, c'est la pression qui aide une femme à atteindre l'orgasme, quand le clitoris est rapproché du vagin! En comparaison, une pénis plus long peut dans certains cas entraîner des douleurs en "cognant" contre le col de l'utérus.
Pour une étude de 2012, 60% des femmes interrogées (sur un total sur 300 individus) déclarent que la taille du sexe de leur compagnon leur importe peu. Qu'en est-il du reste? Les femmes qui s'en soucient le plus ont aussi déclaré avoir fréquemment des orgasmes vaginaux, donc par une pénétration pénis/vagin, d'où l'importance de la taille.
Dans la plupart des cas, cependant, la taille du pénis semble avoir peu d'importance quant à la capacité d'un homme à procurer du plaisir à une femme, puisqu'on peut faire l'expérience d'orgasmes divers et variés. En effet, la plupart de ses zones érogènes ne se trouvent pas dans le vagin, mais à quelques centimètres de son entrée.
Par ailleurs, environ 80% des femmes n'arrivent pas à avoir d'orgasme par la pénétration, elles ont besoin d'une stimulation clitorienne, notamment avec la langue, les doigts, les caresses.
Que faut-il retenir de tout ça? Plus que la taille, c'est bien souvent la manière dont un homme se sert des "outils à sa disposition" qui compte.
Bien que la communauté gay ne soit pas mentionnée dans les études vues précédemment, il semble toutefois que la question de la taille soit tout aussi présente.
Dans cet article de Salon, Noah Michelson, rédacteur-en-chef du Huffington Post's Gay Voices, l'associe à une "devise culturelle" due à une homophobie intériorisée et une insécurité liée à la définition de masculinité. Être un homme, c'est avoir un gros sexe. Et cela rime avec pouvoir, virilité, domination. Selon lui, cette association est notamment due à la pornographie.
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Le syndrome du petit pénis, une anxiété sociale grandissante?
Si l'on se fie aux études existantes, la soit-disant préférence pour les gros pénis est loin d'être une évidence... Alors pourquoi tant de bruit autour de la question?
Tandis qu'il n'y a aucune preuve scientifique selon laquelle la taille de la verge aurait une influence directe sur le plaisir, l'idée qu'un homme a de son sexe, de sa capacité à donner et recevoir du plaisir, peut fortement influencer les ébats. En d'autres termes, les "problèmes de taille" relèvent plus de fausses croyances, de représentation de sa propre virilité, d'image de son corps, qu'une question de centimètres.
C'est ce que prouve l'étude du sexologue Kevan Wylie, dont les recherches se sont appuyées sur les résultats de plus de cinquante recherches différentes ainsi que les mesures de plus de 11'000 pénis.
Cela a révélé que 45% (sur un total de 50'000 participants) des hommes étaient insatisfaits de la longueur de leur pénis, face à 85% des femmes déclarant n'avoir aucune raison de se plaindre du sexe de leur compagnon.
Plus intéressant encore, le sexologue a remarqué que l'anxiété de la taille apparaissait plus souvent chez les hommes avec une taille de pénis tout à fait dans la moyenne, que chez ceux avec une verge plus petite. Ainsi, le syndrome du petit pénis ne serait-il pas simplement le résultat d'une anxiété sociale?
On peut certainement blamer la pornographie (et la culture populaire) pour vehiculer un culte de la performance: les corps y sont standarisés et les pénis surdimensionnés. Le syndrome du vestiaire y est aussi pour quelque chose, poussant les garçons à constamment se comparer à son voisin, et imprègne la vie sexuelle des hommes jusqu'à l'âge adulte.
Parfois, l'anxiété peut aller jusqu'à la dysmorphophobie, soit la peur démesurée d'un défaut corporel, et la chirurgie, visant à altérer la taille du pénis, soit la phalloplastie ou la pénoplastie.
L'Académie Nationale de Chirurgie met d'ailleurs en garde contre ce phénomène, jugeant les opérations superflues, inefficaces, et risquées, notamment avec des complications au niveau de l'érection.
Pour les experts, il faut sensibiliser le public sur la taille "normale" du sexe masculin, l'influence des fausses croyances vehiculées par la culture de la performance, mais aussi les conséquences psychologiques d'une telle pression sociale.
Pour aider un homme à passer au delà de son complexe, il faut pouvoir déterminer la cause réelle de la souffrance: est-elle liée à la fonction réelle de son sexe, ou à un souci d'image? Tout un chacun doit s'effectuer un travail personnel pour se défaire des fausses croyances inculquées par notre société, vers toujours plus d'acceptation de soi.
Pour finir, sachez qu'il est essentiel d'utiliser un préservatif à sa taille durant un rapport sexuel pour éviter qu'il ne se déchire. Voici notre guide pour bien mesurer son pénis ♥︎
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