Phéromones et attirance sexuelle, qu'en dit la science?

Synonyme de sexe, désir, attirance incontrôlable, les phéromones sont recherchées par ceux souhaitant attirer la bonne personne. Peut-être que la myriade de parfums truffés de soi-disant phéromones peuplant les allées de sex-shops douteux fera le bonheur de certains? Ou pas.

Car si l'on s'en tient à la science, personne n'aurait encore identifié une phéromone humaine. Alors, que sont vraiment les phéromones? Pourquoi les associons-nous tant à l'attirance sexuelle?

Les phéromones, c'est quoi?

Les phéromones sont des molécules chimiques que les êtres vivants (animaux, végétaux, bactéries, etc.) dégagent afin de déclencher une réaction psychologique ou comportementale chez un être de la même espèce. 

Ils facilitent une communication invisible, afin de prévenir d'un danger, d'intimider un rival, de marquer son territoire, de resserrer ses liens avec sa progéniture, ou encore d'attirer un partenaire sexuel... Dans le cas des mammifères, c'est par l'odorat qu'ils perçoivent les phéromones: une chienne en chaleur peut attirer des mâles des kilomètres à la ronde!

Contrairement aux hormones (dopamine, sérotonine ou insuline) qui sont fabriquées dans l'organisme, les phéromones circulent à l'extérieur du corps en sortant par la sueur, la salive, les sécrétions vaginales et les selles.

En tant que mammifères, nous avons probablement des phéromones. À la différence près que chez les humains, leur influence est moins évidente...


Comment les phéromones agissent-elles?

L'organe voméronasal fonctionne comme récepteur des messagers chimiques que sont les phéromones. Chez l'homme, cet organe se situe au bas des fosses nasales, bien différent de l'endroit responsable de l'odorat. On ne peut pas vraiment parler d'odeur dans le cas des humains, mais plutôt d'une perception inconsciente.

La présence de l'organe récepteur de phéromones est indiscutable, mais quant à savoir si leur fonction est vraiment active chez l'homme, rien n'est moins sûr. Un débat fait encore rage au sein de la communauté scientifique: certains disent que la présence de cet organe montre un simple héritage de nos ancêtres, d'autres affirment que sa fonction est bien active mais inconsciente. 

Selon le sexologue Jacques Vergriete, nous possédons bien la capacité de traiter les informations passées par les phéromones, mais leur impact reste résiduel. S'il y a bien une influence des phéromones sur les humains, elle est plus minime que chez les animaux. Par exemple, l'odorat d'une souris représente un tiers de son cerveau, beaucoup moins chez l'homme!

Que sait-on vraiment du rapport entre phéromones et comportement humain?

Chaque personne possède un mélange d'effluves corporelles unique. Une étude réalisée sur 197 personnes par l'équipe de Dustin Penn a d'ailleurs prouvé que c'est dans la sueur que l'on trouve les plus grandes différences chimiques entre deux personnes, mais aussi qu'il y a une nette différence entre les composés issus des hommes et ceux des femmes.

Ensuite, l'odeur a bien une influence sur notre comportement dans certaines situations. Par exemple, une mère et son enfant se reconnaissent grâce à l'odorat. Une capacité que nous perdons en tant qu'adulte! À savoir que nous émettons des substances à travers les glandes apocrines, extraites du corps par les aisselles, les aréoles, l'aine et le vagin. 

Une équipe de scientifiques français menée par Benoist Schaal a démontré qu'en mettant sous le nez d'un nourrisson une tige imprégnée de sécrétions d'aréole, il se mettait automatiquement à téter. Qu'est-ce que cela signifie? Si l'on parvenait à identifier et synthétiser une molécule de cette sécrétion, et à montrer que ce comportement peut être induit à n'importe quel bébé, il se pourrait qu'on identifie pour la première fois... une phéromone humaine. 

Entre-temps, plusieurs recherches ont tenté de démontrer l'influence des odeurs corporelles dans l'attirance sexuelle. Une étude conduite par des chercheurs suisses a bien établi que c'est pendant la période d'ovulation que les femmes sont plus attirantes pour les hommes. Une préférence inconsciente pour les femmes fertiles en vue d'assurer une descendance? Certainement.

Les résultats de ces recherches sont prometteurs, mais il reste encore beaucoup à prouver en ce qui concerne la corrélation entre sécrétions de phéromones et attirance sexuelle.

L'attirance sexuelle chez l'homme, bien plus compliquée que ça?

On cherche a convaincre les consommateurs qu'il suffirait de s'enduir d'un tel produit pour degager une odeur irresistible pour le sexe opposé. Finalement, peut-on dire que les parfums aux phéromones sont efficaces? Il semblerait que non. 

Tout d'abord, l'attirance repose sur plusieurs facteurs. Certes, l'odeur peut influencer nos choix en termes de partenaire, mais les humains restent des êtres complexes qui font des choix conscients. De plus, la perception de l'odeur est fortement liée à la mémoire et aux expériences passées. Autrement dit, nous n'agissons pas seulement par instinct, comme les animaux. Les phéromones ont probablement une influence sur notre comportement, mais il est probable qu'elle soit limitée. 

L'attirance repose aussi sur nos autres sens, l'apparence physique, les normes sociales, le raisonnement, et tout cela influe sur notre perception de l'autre! ♥


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