Problèmes conjugaux, financiers, et thérapie de couple
#JOUR25… La semaine dernière, on a demandé à Sophie Greene, sexologue et thérapeute conjugale à Orléans, comment gérer les libidos décalées en couple en période de confinement, cette semaine, on lui demande comment gérer cette crise financièrement quand les revenus sont à risque et que le couple a besoin de thérapie.
À ce stade nous sommes nombreux à nous poser la question de l’après. À se demander comment personnellement, sociologiquement, et financièrement, nous allons nous relever. Ici chez le Green Condom Club, on essaie au maximum d’opter pour un réalisme-optimiste. Le climat anxiogène des chaînes télé déborde dans nos espaces de vie plus ou moins restreints. Dans tout cela, on essaie au maximum de vivre une vie ‘normale’, de garder un tempo, mais les moyens manquent parfois.
Des moyens, premièrement émotionnels, parce qu’il est instinctivement quasi-prescrit en situation de crise, de se tourner vers le souci, mais aussi financièrement, quand on n’est pas sûr.e des revenus à venir (ou qu’ils ont déjà été impactés). Notre espace mental est intrinsèquement pris d'assaut par le doute du futur, tout en essayant de préserver assez d’énergie pour assurer les nécessités du quotidien.
On commence petit à petit à prendre un pli mais forcément, certains aspects sont mis de côté alors qu’il est peut-être temps de porter des attentions particulières au noyau: le soi, la famille, le couple.
Si avant tout ce bordel les couples en thérapie avaient du mal à gérer le quotidien, il va de soi que le confinement peut en effet exacerber les problèmes conjugaux. Cela dit, comment maintenir une thérapie quand les moyens font défaut? C’est ce que nous explique Sophie Greene aujourd’hui.
GCC: La crise du COVID-19 et le confinement ont eu un impact économique sur les familles, que peuvent faire les couples qui n'ont plus les moyens de se rendre aux RDVs avec leur thérapeute conjugal?
SG: Cette question est épineuse car elle concerne les couples mais aussi les thérapeutes! J'aurais tendance à encourager les couples qui rencontrent des difficultés financières à en parler avec leur thérapeute de couple.
De nombreux thérapeutes prennent en compte les moyens financiers de leurs patients et n'hésitent pas à baisser leurs tarifs en conséquence. Bien souvent, la gêne ou la honte peuvent venir entraver l'envie de demander une telle réduction. J'ai envie de répondre à ces couples qui hésitent ou n'osent pas: demander laisse toujours libre celui / celle à qui l'on demande de refuser! Si le thérapeute n'est pas d’accord avec l'idée / la possibilité de proposer une réduction, c'est son droit de le dire aux patients. Mais sans demande, pas de réponse.
Il y a aussi la possibilité d'effectuer des séances par Skype ou un autre média qui permet d'assurer la continuité thérapeutique. Certains praticiens là encore, du fait des modalités particulières de ce type de séances, proposent une réduction d'office.
Certains autres proposent le téléphone, mais cela devient plus compliqué si les consultations se font d'habitude en couple, le moyen utilisé n'étant guère pratique!
Évidemment, si vous n'avez vraiment plus du tout les moyens d'aller voir votre thérapeute conjugal, pourquoi ne pas utiliser ce temps que vous avez (et que vous n'aviez pas toujours avant le confinement) pour se documenter, se renseigner, lire des articles écrits par des conseillers conjugaux et thérapeutes de couple, sexologues ou psychologues?
Il y en a des dizaines qui sont postés tous les jours au sujet du couple et de la vie à deux pendant le confinement! (Affaire à suivre, on vous donne les bonnes adresses la semaine prochaine!)
Il peut également être possible de se procurer par correspondance des ouvrages sur le sujet. Cela donnera matière à réflexion personnelle mais aussi à dialogues au sein du couple pour savoir ce qu'en pense l'autre, ce avec quoi nous sommes plus ou moins d'accord.
GCC: Y a-t-il des ressources vers lesquelles les couples peuvent se tourner pour faire un travail intérieur, et à la maison?
SG: Voici ma liste d'ouvrages conseillés :
Sur le couple:
- Qui sont ces couples heureux – Yvon Dallaire
- Oser la vie à deux – Frédéric Fanget
- Les couples heureux ont leurs secrets – John Gottman et Nan Silver
- Les langages de l'amour – Gary Chapman
- Décidément tu ne me comprends pas! - Déborah Tannen
Sur la sexualité:
- La sexualité des gens heureux – Pascal de Sutter
- L'intelligence érotique – Esther Perel
- Bien vivre sa sexualité – François-Xavier Poudat
- Relaxation et sexualité – Philippe Brenot et Suzanne Képes
En ce qui concerne ce dernier ouvrage, j'élargirais la proposition à la relaxation en général et pas seulement en lien avec la sexualité!
En ce temps de confinement durant lequel les tensions peuvent s'accumuler, pratiquer n'importe quelle méthode de relaxation (Jacobson, Schultz par exemple) ou de méditation est utile. Cela permettra d'apaiser certaines émotions fortes de peur, colère ou tristesse.
Une fois le calme établi en soi et l'acceptation sans jugement de ce qui se passe pour soi, il est alors plus facile d'élargir la tolérance et la patience à l'autre.
Les relations de couples peuvent s'en trouver nettement améliorées. Et ces moments peuvent également être des moments vécus à deux si chacun le souhaite.
Il existe de nombreuses vidéos sur internet proposant des méditations et relaxations guidées, pourquoi ne pas tester ensemble ou chacun de son côté et observer ce qui en résulte de bon pour soi et pour le couple dans les jours et semaines à venir? Qui sait? Cette habitude pourrait ensuite être conservée post-confinement pour le plus grand bonheur du corps qui se détend lorsqu'il navigue sur des eaux calmes!
Vous l’aurez compris, faites preuve de patience, de tolérance, et d’amour, non seulement envers vous-même, mais votre partenaire. Rien ne vaut une communication claire, et non-émotionellement chargée pour discuter des différends.
Un grand merci Sophie pour ces réponses détaillées et bienveillantes. On se retrouvera au courant de la semaine prochaine pour des réponses à d’autres questions de couples confinés! ♥
À travers les âges, la sexualité est restée plus ou moins associée au fruit défendu, chargée de tabou et d'émotions négatives, rendant l'expression unique de notre sexualité indicible.