Suis-je dans une relation de codépendance?
Dans toute relation saine, on retrouve un équilibre sur le plan donnant-donnant, et bien que les dynamiques changent de temps à autre, sur la longévité la balance est équilibrée.
Quand un déséquilibre est trop prononcé, on peut commencer à parler de codépendance. Cette dernière est caractérisée par une obsession malsaine par une personne d’un côté, et à une volonté de sacrifier ses propres besoins et désirs pour faire plaisir et se sentir validé de l’autre côté.
Dans le premier cas, la personne est considérée comme ‘preneur’ (dépendante) - bien souvent il s’agit d’un.e pervers narcissique/manipulat.eur.ice. C’est une personne émotionnellement dépendante qui veut contrôler l’attention et peut montrer des comportements et expressions culpabilisantes, de besoin, ou de violence émotionnelle ou physique.
Dans le deuxième cas, la personne est considérée comme ‘donneur’ (codépendante). Cette personne finit petit à petit par s’effacer d’elle-même pour répondre aux besoins du ‘preneur’, se sentir validée, importante/indispensable, et facilite ainsi la dépendance du ‘preneur’.
La codépendance affective intervient donc quand les deux parties dépendent l’une de l’autre dans leur rôle de ‘preneur-donneur’. Cela arrive à des degrés différents et bien que les définitions ci-haut s’appliquent à des cas schématiques et généralistes, il se peut que beaucoup de relations présentent des signes de codépendance, mais avec plus de subtilité.
Alors, comment savoir si on est dans une relation codépendante, où poser des limites, et comment s’en sortir?
Le cycle de la codépendance
Pour bien comprendre les dynamiques et l’aspect cyclique de ces relations il est judicieux de se pencher sur le couple “codépendant idéal”.
On a d’un côté une personne perverse narcissique qui se présente comme affectivement dépendante de l’autre et cherche à accaparer le temps et l’énergie de son/sa partenaire; et qui peut se montrer culpabilisante, voire agressive ou violente quand ses besoins/désirs/attentes ne sont pas comblés. La personne perverse narcissique pense que tout lui est dû, et possède une estime de soi démesurée.
De l’autre côté on a une personne qui a du mal à dire non, qui tend à faire plaisir, et surtout à aider un.e partenaire qui a des soucis (qu’ils soient émotionnels, financiers, professionnels, ou une addiction). La personne codépendante va chercher constamment à trouver des solutions pour les autres, à se sentir indispensable pour venir masquer son propre manque de confiance en soi.
Pourquoi est-ce une “codépendance idéale”? Tout simplement parce que les deux partenaires ‘dépendent de la dépendance’ de l’autre personne. Ainsi nous parlons du cycle de la codépendance, et vous l’aurez compris, c’est un cercle vicieux.
Aujourd’hui nous rejoignons François Renaud encore une fois, sexologue et phychothérapeute, spécialisé en thérapie de couple à Montréal, pour lui poser quelques questions sur la codépendance dans le couple!
Quels sont des signes de codépendance dans un couple?
C’est souvent la personne codépendante qui va se poser des questions dans le couple, qui va avoir envie de rompre, et regagner son ‘indépendance’.
La personne dépendante, de son côté, ne remet pas le couple en question car dès qu’elle fait un caprice, se montre culpabilisante ou agressive, elle obtient ce qu’elle veut au détriment de l’autre qui se plie en quatre pour faire plaisir.
En face, la personne codépendante, malgré les ‘menaces’ de séparation finit toujours par répondre au chantage affectif de son/sa partenaire, lui trouver des excuses, et rester avec.
Un des signes les plus évidents d’une relation copdépendante est le nombre de sacrifices unilatéraux (difficultés à dire ‘non’). Si vous vous retrouvez par exemple à renoncer aux soirées entre ami.es ou en famille parce que votre partenaire fait un drame quand vous n’êtes pas avec lui/elle, mais que de son côté il/elle ne se prive de rien, il y a un ‘hic’.
Une personne codépendante va avoir tendance à croire que ses accomplissements et succès sont mesurés par rapport à leur valeur aux autres, mais non par rapport à soi. Une personne codépendante va donc avoir tendance à faire plaisir et aider les autres au détriment de ses propres intérêts.
Au-delà du désir de plaire et faire plaisir, on retrouve aussi un sensation de responsabilité dans le bonheur d’autrui. C’est-à-dire la personne codépendante aura tendance à croire qu’elle peut influencer positivement le bien-être de son/sa partenaire, et régler ses problèmes pour lui/elle.
D’un autre côté la codépendance se traduit par une difficulté à demander de l’aide, elle pensera qu’elle dérange les autres avec ses problèmes, où qu’elle doit toujours montrer une face de contrôle de la situation, et qu’elle peut gérer toute seule.
La personne codépendante se considère indépendante, autonome et responsable, elle a conscience que le bonheur est une affaire de responsabilité personnelle, et paradoxalement de la difficulté à faire valoir et exprimer ses propres besoins et envies auprès des autres.
Dans une relation de codépendance, on fait preuve d’une empathie sans limite et on aura tendance à trouver des excuses à son/sa partenaire pour son comportement autrement inacceptable.
Pourquoi et à qui ça arrive?
C’est un phénomène naturel qui arrive dans toutes les relations à différents degrés sur une échelle de léger à sévère. Malgré que ce soit commun, il est important de garder un œil sur les dynamiques dans le couple afin de ne pas tomber dans un degré de codépendance plus sérieux.
Nous sommes tous quelque peu codépendants dans nos toutes premières relations et celles-ci nous permettent de grandir et d’évoluer individuellement, ainsi qu’en tant que partenaire.
Plus une relation avance, plus nous devons apprendre à être autonome, à nous valider et nous réconforter nous-mêmes quand l’autre ne peux pas le faire.
Chaque partenaire doit l’apprendre pour être capable de maintenir son intégrité et son authenticité dans la relation. Cela peut donner l’impression que les partenaires se distancient, alors qu’au contraire cela leur permet de tolérer les différences et davantage apprécié la vraie personne, et non pas ce qu’on souhaite de notre partenaire.
Est-ce sain?
Oui et non. C’est sain d’avoir une inter-dépendance avec notre partenaire où on cherche à construire et approfondir la relation en partenariat.
Cette codépendance peut évoluer vers une inter-dépendance si les membres du couple travaillent sur les enjeux sous-jacents de leur relation.
C’est malsain quand on persiste à vouloir maintenir la dynamique codépendante à long terme sans évoluer de manière autonome, avec intégrité et authenticité. Inévitablement, ces enjeux se traduiront en conflit, surtout sexuel.
Où et comment poser des limites?
Il faut être capable de s’affirmer dans sa relation en se respectant soi-même, et l’autre.
Pour ne pas être codépendant, il faut être prêt à faire preuve d’authenticité au risque de briser la relation pour ne pas se perdre soi-même.
Être en relation sans être soi-même et intègre avec ses valeurs n’est pas une relation basée sur des fondations fortes et solides.
Cela finira par rattraper le couple en forme d’amertume et de ressentiment et peut perdurer des années, voire tout au long de la relation sans réelle satisfaction ou équité.
Merci encore François et à très bientôt pour plus de sujets sur le couple!
À travers les âges, la sexualité est restée plus ou moins associée au fruit défendu, chargée de tabou et d'émotions négatives, rendant l'expression unique de notre sexualité indicible.