20 conseils sexo/couple que je donnerai aujourd’hui à l’adolescente que j’étais!

Photo by Sahand Babali on Unsplash

Un des problèmes pour les adolescentes qui commencent à naviguer dans les méandres de la sexualité et des relations, est qu’il n’y a pas de feuille de route pour nous guider. Et quand bien même il y en aurait une, serions-nous prêtes à la suivre alors que c’est un moment dans nos vies où on veut faire nos expériences sans tenir compte des conseils ou opinions? 

J’ai maintenant 35 ans et je dois admettre que ma vie sexuelle ne ressemble plus en rien à celle que j’avais en fin d’adolescence et début vingtaine. Somme toute, elle est bien meilleure et épanouie aujourd’hui.

Je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai n’ai pas eu de fun dans ma ‘jeunesse’, mais comme beaucoup de jeunes femmes, j’ai appris à me connaitre et me donner du plaisir bien après mes premiers rapports. Et il m’a fallu encore autant de temps avant de vraiment commencer à me faire plaisir pendant les rapports qui ont suivi.

Naviguer la sexualité était une chose, et comprendre mon rôle dans les relations de couple, encore une autre. C’était fin 90’s-début 2000’s. Les mentalités sont certes un peu différentes maintenant, mais on a encore du chemin à faire pour réduire les écarts égalitaires genrés dans le plaisir, la perception et l’expérience sexuelle. 

À ma rentrée de 5ème ou 4ème, il fait 29 degrés, je suis en short. La prof de maths nous place elle-même, et me mets à côté d’un des petits crétins de la classe. Le drôle s’amuse à me passer la main sur la cuisse, une fois. Je lui dis d’arrêter. Deux fois. Il continue. Trois fois. Quand je lui mets un coup de compas dans la main, la prof se retourne et m’engueule. Au lieu de nous séparer, elle nous laisse côte à côte et me dit que je n’aurais pas dû porter cette tenue. 

Ainsi commence l’éducation sexuelle à l’école. Non pas dans une ‘safe-zone’, mais dans un cadre où une éducatrice, une personne en ‘position d’autorité’, une femme qui plus est, vient dire à une jeune élève que sa tenue dicte le comportement des hommes. Que leurs agissements sont sa responsabilité, finalement... 

Alors que les hommes ne semblent pas du tout faire la même expérience de leur sexualité naissante, il semble que le clivage genré d’un point de vue consentement, responsabilité, et plaisir, est quelque chose de bien défini non pas dans les cours d’éducation sexuelle, mais dans les attitudes et prises de parti insensés des sociétés qui nous forment.

On fait tou.tes de la biologie à l’école avec un volet ‘sexualité humaine’ (bien loin de parler du clitoris et du plaisir féminin dans beaucoup de cas, l’orgasme de la femme n’ayant rien à faire dans la reproduction), et puis on a quasi tou.tes été exposé.es à du contenu pornographique. Contenu qui par ailleurs semble prioriser le plaisir et les fantasmes masculins, et on s’entend sur le fait que ce contenu continue d’être produit parce qu’il est populaire... En soi, le serpent se mord la queue.

Mais dans tout ça, j’ai eu une mère aimante qui m’a conseillé de son mieux tout au long de mon enfance et au delà; il n’empêche que bien des sujets qui auraient été utiles n’ont jamais été abordés. Il y a des ‘limites’ tacites sur le degré de détails qu’on est prêts à partager ‘en famille’, et il y a peu ou pas de ressources adéquates et bienveillantes en dehors de ce cercle.

C’est pourquoi aujourd’hui j’ai pensé à une liste de 20 conseils que je me donnerais ado, si j’avais une machine à remonter le temps, en espérant que ça puisse servir à d’autres!

1. Découvre ton propre corps et approprie-toi ton plaisir.

J’ai trouvé mon clito à 19 ans! Ça me semble bien tard pour avoir commencé les rapports sexuels à 16 ans. Finalement ce qui est handicapant si on commence une vie sexuelle en tant que femme sans savoir se donner du plaisir toute seule est que cela nous rend de facto incapable de guider nos partenaires, et bride ainsi notre capacité à prendre du plaisir à deux.

2. Ose te faire plaisir pendant un rapport avec une autre personne.

Sois toi-même, c’est la seule façon de pleinement profiter. Ose montrer à ton/ta partenaire comment tu prends du plaisir, si on se cache ces choses-là dans un couple on passe à côté de pleins d’opportunités de gagner en complicité et de s’épanouir. On fait implicitement comprendre que notre plaisir n’est pas aussi important que celui de l’autre.

3. Dis clairement ce que tu aimes, et ce que tu n'aimes pas.

Même si on ne sait pas comment aborder le sujet à froid, le meilleur moment pour parler et clairement s’exprimer est le moment où les choses arrivent. Que ce soit sur le plan sexuel ou sur le plan de l’affect, savoir dire ce qu’on aime ou ce qu’on n’aime pas est vital. Les gens en face ne sont pas télépathes!

4. ‘Non’ est une réponse valide qui ne nécessite pas plus d’explications!

Ne te sens pas poussée à faire des choses que tu n’as pas particulièrement envie de faire. ‘Non’ est une réponse tout à fait valide en elle-même, elle n’impose pas une justification.

5. Ne garde pas de rancœur, parle sur le moment.

Ne garde pas ton ressenti à l’intérieur. Les émotions et sentiments négatifs doivent sortir sur le champ. Le cerveau est un engin fabuleux qui peut monter en sauce n’importe quel grain de moutarde s’il n’est pas aussitôt évalué et discuté!

6. Ne reste pas avec quelqu'un qui te parle mal, ça annonce le ton pour la suite.

Ça peut paraître anodin au début, mais une remarque désobligeante, un mot méchant, puis deux, etc.
Rien ne sert de se dire qu’il/elle changera. Ce n’est pas ta mission ou responsabilité.

7. Ne parle pas mal en réponse, ça ne fait pas avancer la situation, c'est une perte d'énergie, et tu te rabaisses inutilement.

Plutôt que de perdre un temps précieux et de l’énergie à rentrer dans le jeu, dis ce que tu ressens et ne tombe pas dans l’engrenage. Reste ‘chez toi’ quand tu communiques, inutile de blâmer ou juger.

8. Ne te bats pas pour être entendue et faire valoir tes besoins et envies. Si la personne en face toi n'en tient pas compte, pars.

Si tu es dans une relation où il faut sans cesse tenter en vain de faire valoir ton ressenti, c’est que tu es dans une relation unilatérale. Prends la prochaine sortie, il/elle n’en vaut pas la peine.

9. Fais le point sur ce qui est important pour toi, ensuite tu pourras faire la part des choses entre ce sur quoi tu es prête à faire des compromis, et ce sur quoi tu ne l'es pas.

Décide pour toi, dès que tu peux, ce qui est important dans ta vie affective et sexuelle. Décide pour toi, dès que tu peux, ce que tu recherches dans la vie en général. Comprends qu’il faudra faire des compromis et décide ce à quoi tu es prête à renoncer, et ce qui t’est primordial.

10. Bats-toi pour ce qui en vaut la peine, laisse tomber le reste.

Reconnais ce qui vaut la peine d’être vécu, d’être dit, d’être défendu, et ce qui n’en vaut pas la peine.

11. Ne joue pas avec les émotions des autres si tu es indécise. N’aie pas peur d’avoir tort.

Tu peux te poser toutes les questions que tu veux, et c’est important de te les poser. Mais ne tiens pas une autre personne en bride pendant que tu te décides. Leur temps est aussi précieux que le tien. Prends soin de la personne en face avec bienveillance.

12. En amour, apprends à prendre tout autant qu'à donner.

‘Prendre’, en amour, ça peut sembler égoïste. Pourtant c’est important de trouver un équilibre où tu ne donnes pas tout, tout le temps. Apprends à prendre pour aussi pouvoir mieux donner, pour laisser l’autre donner, et pour apprécier sans te sentir redevable.

13. Pendant l'amour, sois dans l'instant, et hors de ta propre tête.

C’est un moment intense qui mérite toute ton attention, concentre-toi sur tes sensations et celles de l’autre. Laisse-toi aller et vis-le pleinement sans te poser trop de questions.

14. La jalousie et la possessivité sont intolérables. N'en fais pas usage et n'en tolère pas à ton égard.

Rien ne sert de vouloir retenir un.e partenaire qui veut aller voir ailleurs, ou de jalouser ses ex, ou de se poser trop de questions qui résident essentiellement dans nos têtes. On est tous ‘de passage’ dans la vie les uns des autres. Faisons-nous du bien (physique et émotionnel) pour le temps qui nous est donné.

De la même façon, ne te laisse pas embourber avec quelqu’un de jalou.x.se ou poussessi.f.ve. Cela ne fera que te retenir de pleinement vivre ta vie et tes envies.

15. Reste ouverte aux expériences nouvelles, elles apportent un nouveau regard sur la sexualité et les relations.

La plupart des relations sont dictées par ce qu’on appelle communément ‘la norme’. On ne rentre pas tous dans le même moule. Ne t’acharne pas à essayer d’entrer dans un schéma qui ne te convient pas et fais tes expériences. Elles t’ouvriront les yeux.

16. Ne fais pas semblant.

Ne fais jamais, ô grand jamais, semblant d’avoir du plaisir ou un orgasme. Que ce soit par pitié, sympathie, impatience, gêne, ou autre. Faire semblant, c’est cruel pour tout le monde; pour la personne en face qui pense faire du bon boulot, pour toi qui te prives sans raison, et pour les femmes à suivre après toi dans la vie de ton/ta partenaire. 

17. C'est pas grave s'il y a des poils.

Les pattes, des fois, ça gratte. Des fois, les poils, ça sort du maillot. Tant pis! Franchement les hommes mettent bien moins d’efforts que nous à se préparer au sexe. Et ils s’en foutent pas mal au final, qu’on soient parfaites!

18. C'est pas grave s’il y a des plis.

Les vergetures, la cellulite, les plis de bide. Tout ça c’est naturel, normal, et OK! Ne te prends pas la tête sur la forme de tes seins, de ta vulve, ou de ta tête quand tu jouis. Le plaisir n’est pas dans notre estimation de la perfection. S’il ne dépend pas de notre image de l’autre, pourquoi dépendrait-il de l’image de soi? Le plaisir est dans le ressenti, dans l’instant, et c’est un instant précieux. Ne le gâche pas sur les détails inutiles.

19. Le sexe, c'est mieux sans substances.

Un verre pour se détendre, ça peut être banal. Par contre, le sexe sans aucune substance désinhibante, c’est top! On sent tout, on voit tout, on ne se voile pas. On apprécie et on est pleinement en capacité d’apprécier.

20. N'aie pas honte d'assumer ton plaisir, même si ce n'est que pour un soir!

Ta virginité, tu la ‘perds’ quand? Est-ce que c’est avec un doigt, un pénis, un orgasme? Pourquoi cette fixation sur un hymen qui peut tout autant se briser avec une balade à vélo, chez le gynéco avec un spéculum, ou toute seule tranquille en découvrant? Pourquoi est-ce qu’on dit qu’on la perd, cette virginité? Si c’est en rapport avec une première expérience sexuelle, la pénétration et l’hymen deviennent rapidement hors-jeu.

Pourquoi est-ce qu’on autorise à se faire dire qu’on nous la ‘vole’ si elle n’est pas ‘donnée’ à une personne qu’on aime? Pourquoi est-ce qu’on ne peut tout simplement pas être curieuses et désireuses de ces expériences? 

Pourquoi est-ce qu’on en fait tout un plat comme si c’était sale si non fait conformément aux attentes de nos sociétés? Pourquoi les autres décident de ce qui est acceptable pour une femme à un point tel que les femmes-mêmes commencent à se juger entre elles? 

Ton plaisir t’appartient et ta vertu n’est pas dans le regard porté sur toi de l’extérieur. ♥

Nous y voilà! Si on m’avait dit toutes ces choses-là comme ça quand j’étais ado, il m’aurait peut-être fallu moins de temps pour cheminer plus sainement dans ma vie affective et sexuelle.

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